Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/422

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Divinités peintes, vains effets de la fantaisie, travail impie de la main des hommes. Il est vrai qu’à peine le paganisme fut-il aboli, et la religion chrétienne établie, qu’on rappela l’usage des représentations tant condamnées ; et un grand concile tenu peu de temps après, en ordonna même la vénération2.

J’avoue que le vieux testament ne permettoit pas de rien former à la ressemblance de Dieu. Ce Dieu s’ëtoit peint lui-même dans le grand ouvrage de l’univers. Les cieux, le soleil, les étoiles, les éléments étoient les images de son immensité et de sa puissance ; l’ordre merveilleux de la nature nous exprimoit sa sagesse ; notre raison, qui veut tout connoître, trouvoit chez elle quelque idée de cette intelligence infinie ; et voilà tout ce qui pouvoit être figuré d’un Dieu, qui ne se découvroit aux hommes que par ses œuvres. Il n’en est pas ainsi dans la nouvelle alliance. Depuis qu’un Dieu s’est fait homme pour notre salut, nous pouvons bien nous en former des images, qui nous excitent à la reconuoissance de sa bonté et de son amour. Et en effet, si on a condamné comme Hérétiques ceux qui nioient son humanité ; n’est-ce pas une absurdité étrange de nous


2. Le second concile de Nicée, tenu l’an 787, et provoqué par l’impératrice Irène.