Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/427

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de communiquer à la créature la gloire qui n’est due qu’au créateur. Chose étrange, que vos Messieurs, qui font une guerre ouverte à la superstition, tombent eux-mêmes dans une conduite plus superstitieuse que celle qu’on impute aux catholiques les moins instruits ! En effet, ne pas rendre le respect qu’on doit, par un scrupule de religion mal fondé, est plus inexcusable, que d’en rendre trop par un zèle mal entendu.

Si j’avois été en la place des réformés, j’aurois reçu le livre de M. de Condom, le plus favorablement du monde ; et après avoir remercié ce prélat de ses ouvertures insinuantes, je l’aurois supplié de me fournir une catholicité purgée et conforme à son Exposition de la foi catholique. Il ne l’auroit pas trouvée en Italie, en Espagne, ni en Portugal ; mais il auroit pu vous la faire trouver en France, dégagée des superstitions de la multitude et des inspirations étrangères, réglée avec autant de sagesse que de piété par nos lois, et maintenue avec fermeté par nos parlements. Alors, si vous craigniez la puissance du pape, les libertés de l’église gallicane vous en mettront à couvert : alors, sa Sainteté ne sera ni infaillible, ni arbitre souveraine de votre foi : là, elle ne disposera ni des États des princes, ni du royaume des cieux à sa volonté : là, devenus assez Romains, pour