Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/436

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pour vendre les siens. Je n’aurois jamais cru que les vins de Reims fussent devenus des vins d’Anjou, par la couleur et par la verdeur. Il faut du vert aux vins de Reims : mais un vert avec de la couleur, qui se tourne en sève, quand il est mûr. La sève en est amoureuse, et on ne le boit qu’à la fin de juillet. Vous avez été amant autrefois, et peut-être croyez-vous que le terme d’amoureux est profané. Cependant c’est le terme des grands connoisseurs, des d’Olonnes, des Boisdauphins, et de votre serviteur : Coteaux autrefois fort renommés2. Jamais on n’aura d’excellents vins de montagne qu’on ne leur donne un peu de corps, quoi qu’en disent les vignerons modernes. Il faut laisser la Tocane aux vins d’Aï. Les vins de Sillery et des Roncières se gardoient deux ans, et ils étoient admirables : mais au bout de quatre mois, ce n’est encore que du verjus. On a laissé prendre un tel ascendant aux vins de Bourgogne, malgré tout ce que j’ai dit, et ce que j’ai écrit des vins de Champagne3, que je n’ose plus les nommer. Vous ne sauriez croire la confusion où j’en suis.

Que M. de Puyzieulx en fasse une petite


2. Voyez ce que nous avons dit de l’ordre des Coteaux, dans le Ier vol., p. lxxxviii, et ce qu’en dit Saint-Évremond lui-même, sup., p. 291 et 292.

3. Voy. la Lettre au comte d’Olonne, sup., p. 16 et suiv.