Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/52

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Que l’on doit rendre chez les morts.
Là pourtant le gentil Voiture,
Sous quelques myrtes verdoyants,
  Les grâces et les ris près de lui badinants,
  Admiroit de vos vers les sons et la mesure,
La cadence, les tours brillants,
Et ravissoit, par leur lecture,
Les Malherbes et les Racans ;
Et là, votre maître Épicure,
À certains morts des plus récents,
Demandoit par quelle aventure,
Avec tant d’esprit, tant de sens,
Vous restiez parmi les vivants.
Mais, n’en déplaise à la figure
Que font là-bas tous vos savants,
Puisque c’est par la sépulture
Qu’on passe à leurs paisibles champs,
Suivez ici les doux penchants
Où vous attache la nature,
Et que, dans la demeure obscure,

On vous attende encor longtemps[1] !

  1. Le comte de Grammont n’est mort qu’en 1707, âgé de quatre-vingt-six ans. Il avoit huit ans de moins que Saint-Évremond, et il lui survécut de quatre ans. Il paroît que la Comtesse et Hamilton le décidèrent enfin à recevoir les secours de la religion. Hamilton étoit alors réfugié en France, avec Jacques II, et il étoit zélé catholique. Il n’est mort lui-même qu’en 1720.