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XVII.

LETTRE AU COMTE DE LIONNE[1].
(1667.)

(Le comte de Lionne ayant marqué à Saint-Évremond, que le marquis de Lionne, son oncle, secrétaire d’État pour les affaires étrangères, souhaitoit qu’on lui envoyât une lettre qui pût être montrée au roi, et qu’il s’engageoit à l’appuyer ; Saint-Évremond écrivit la lettre suivante au comte.)

Ne croyez pas, Monsieur, que j’aime trop les Pays étrangers, quand vous me voyez employer si peu de soin et d’industrie, pour mon retour dans le nôtre. Ce n’est point une véritable nonchalance ; ce n’est point un grand attachement aux lieux où je suis, ni une aversion pour ceux où vous êtes. La vérité est que je n’ai pas voulu demander au Roi le moindre soulagement, sans avoir souffert ce que j’ai dû souffrir, pour avoir eté si malheureux que de lui déplaire. Après tant d’années de disgrâces et de maladies, je crois pouvoir exposer la manière dont j’ai failli, ou, si je l’ose dire, me justifier de l’apparence d’une faute.

Comme le blâme de ceux qui nous sont op-

  1. Premier écuyer de la grande écurie du roi.