Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/54

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posés, fait la louange la plus délicate qu’on nous donne, j’avois cru travailler ingenieusement à la gloire du génie qui règne, en établissant la honte de celui qui a gouverné auparavant. Ce n’est pas que Monsieur le Cardinal n’ait eu des talents recommandables ; mais ces qualités, qui auroient eu de l’approbation parmi les hommes, considérées purement en elles-mêmes, sont devenues méprisables, par l’opposition de celles du Roi. D’où il arrive que des actions assez belles sont obscurcies par de plus éclatantes ; que le moindre mérite auprès du plus grand, passe pour défaut ; d’où il arrive que la gloire du Prince ruine la réputation du Ministre ; et trouver mauvais qu’on méprise ce qu’a fait son Éminence, est en quelque sorte avoir du chagrin qu’on admire ce que fait Sa Majesté.

Que si l’on voyoit en usage les mêmes maximes qui etoient suivies, il paroîtroit qu’on veut exiger des approbations en leur faveur ; et nous donnerions les nôtres aussitôt, par une respectueuse obéissance. Mais, puisqu’on s’en éloigne à dessein, jusqu’à prendre les voies les plus opposées, il y a quelque délicatesse à n’approuver pas ce qu’on évite, et quelque prudence à rejeter ce qu’un Roi si sage ne veut pas faire.

Ne m’alléguez point que c’est un crime