Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/56

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Autrefois, nous pensions assez faire de nous soutenir contre une nation ennemie : toute l’Europe, si on le peut dire, toute l’Europe aujourd’hui confédérée, ne se trouve pas capable de nous résister. Autrefois, nous tenions les paix glorieuses, qui nous apportoient la restitution de quelque place : aujourd’hui, les Espagnols cherchent leur salut dans la cession de leurs provinces ; et, si la justice ne régloit toujours nos prétentions, il s’agiroit moins de ce qu’ils nous cèdent, que de ce qui leur reste. Autrefois, nos alliés murmuroient d’avoir été mal soutenus dans la guerre, ou abandonnés dans la paix : de notre temps, ceux qu’on a vus tomber par leur faute, ont été relevés par notre secours ; et l’influence de notre pouvoir a formé toute la grandeur des autres. S’attacher à nous, c’est une élévation certaine ; s’en séparer, une chute comme assurée.

Tant que le Roi agira comme il agit, il m’autorise à parler comme je parle : si on veut que je me démente, qu’il se relâche, qu’il abandonne ses alliés, qu’il laisse rétablir ses ennemis ; alors je deviendrai favorable à Monsieur le Cardinal, et ferai valoir les mêmes choses que j’ai décriées. Mais, aujourd’hui que les peuples attachés à notre amitié regardent avec joie le gouvernement que nous voyons, et que les nations opposées à nos intérêts regrettent