Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/6

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ma vie, pour apprendre à le bien aimer après ma mort. Vous êtes ponctuelle à garder mes ordres ; et si je continue à vous donner la même commission, il y a de l’apparence que vous l’exécuterez avec un grand soin.

Vous croyez que je veux cacher sous un faux ridicule une véritable douleur ; et dans la connoissance que vous avez de ma passion,

    sées à la comtesse d’Olonne. Voy. notre Introduction et l’Histoire amoureuse des Gaules de Bussy Rabutin. La comtesse s’est mariée en 1652 ; elle avoit été jusques là l’objet des poursuites inutiles des plus séduisants personnages de son temps, de Retz, du marquis de Beuvron, et d’autres, « ce qui doit étonner, dit le malin coadjuteur, ceux qui n’ont point connu Mademoiselle de la Loupe, et qui n’ont ouï parler que de la comtesse d’Olonne. » Elle étoit alors intimement liée avec Mademoiselle de la Vergne, qui fut plus tard Madame de La Fayette. On la comptoit parmi les femmes les plus attrayantes de la société de Mademoiselle, où elle fut recherchée par les plus beaux esprits du temps. Saint-Évremond, quoique très-lié avec le comte d’Olonne, soupira pour la comtesse, et Bussy l’a désigné parmi ses premiers amants heureux. Saint-Évremond s’éloigna d’elle lorsqu’elle fut trop affichée, mais il demeura son ami, même en un temps où la réputation de la comtesse dispensoit tant de monde de toute retenue envers elle. Saint-Évremond ne pardonna point à Bussy de l’avoir nommé dans l’histoire d’Ardelise, et sa délicatesse s’est même refusée à la nommer ici, en tête des lettres qu’il lui adressoit. La comtesse d’Olonne la plus étourdie des femmes, a beaucoup prêté à la médisance, mais on a été trop généreux à le lui rendre. Bussy lui-même a dit, avec esprit, qu’elle avoit perdu sa réputation bien avant d’avoir perdu son honneur.