Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/74

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Je ne lui ai jamais rendu aucun service qui l’oblige à s’intéresser dans mes affaires. Si je l’ai admiré toute ma vie, ç’a été pour rendre justice à ses grandes qualités, et faire honneur à mon jugement ; mais je n’en ai rien attendu, comme en effet je n’en devois rien prétendre. S’il a la bonté de me vouloir obliger, il me laissera beaucoup de gratitude : si je lui suis indifférent, je n’aurai aucun sujet de m’en plaindre.

Les bontés que vous me témoignez de M. de Lionne, le Ministre, me donnent une satisfaction secrète, qui ne me laisse pas sentir le peu que j’en devrois avoir dans la situation où je me trouve : si j’en étois pleinement persuadé, elles occuperoient toute mon attention, et me déroberoient agréablement le loisir de songer à ma mauvaise fortune. En quelque lieu que je puisse être, assurez-le, je vous prie, qu’il aura toujours un serviteur bien inutile, malgré moi, mais aussi zélé que vous, pour tout ce qui le regarde : c’est ce qui m’a paru de plus fort, pour bien exprimer mon sentiment.

Modérez les louanges excessives que vous me donnez, sur mes bagatelles. Dans le temps que vous me faites voir tant de sincérité aux choses solides et aux services effectifs, vous avez un peu moins de franchise à me dire nettement ce que vous pensez de ce que je vous