Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/8

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avez trouvé une indifférence si délicate, que je ne puis me plaindre de vous sans chagrin, ni m’en louer sans sottise. Générosité, gratitude, obligation, sont les moindres mots de votre Lettre. Vous avez appris pour moi tous les termes qui entrent dans les compliments, et oublié tous ceux qui expriment quelque sentiment d’amour.

Il faut avouer que vous imitez parfaitement le style de Madame votre mère. Je pensois d’abord recevoir une marque de son souvenir. Outre cela, Madame, ce jargon pitoyable de l’accablement de vos malheurs, ne vous convient point ; il sent tout à fait le génie d’une personne mystérieusement désolée.

Pour vous, qui n’avez jamais fait la comédienne d’affliction, d’où vient que vous me choisissez pour me donner les apparences d’une si belle misère ? Ne suis-je plus au monde, que pour être le confident de vos chagrins concertés et de vos douleurs étudiées ?

Comme vous ne me serez jamais indifférente, j’ai demandé de vos nouvelles à M*** qui m’a dit que vous dansiez depuis le matin jusqu’au soir, et qu’on ne pouvoit pas se divertir plus agréablement que vous faisiez.

Adieu, misérable personne, accablée d’une longue suite de malheurs, pleine de gratitude pour ceux qui prennent quelque part à vos