Livre IV. Toutes choses sont conduictes et gouvernées par le destin, lequel est irrévocable, infaillible, immuable, nécessaire et cruel, et inévitable à tous les hommes, quoi qu’ils puissent faire.
Livre V. Il est vrai que le livre, qu’on appelle la Bible, est un gentil livre et qui contient force bonnes choses ; mais, qu’il faille obliger un bon esprit à croire, sous peine de damnation, tout ce qui est dedans, jusques à la queue du chien de Tobie, il n’y a pas d’apparence.
Livre VI. Il n’y a point d’autre divinité, ni puissance souveraine au monde, que la Nature, laquelle il faut contenter en toutes choses.
Livre VII. Posé le cas qu’il y ait un Dieu, comme il est bienséant de l’avouer, pour n’estre en continuelles prises avec les superstitieux, il ne s’ensuit pas qu’il y ait des créatures purement intellectuelles, et séparées de la matière.... Et partant il n’y a ni anges, ni diables au monde, et n’est pas asseuré que l’âme de l’homme soit immortelle.
Voilà les belles choses qui couroient le monde, discrètement, il est vrai, au dix-septième siècle ! Qu’a fait autre chose le dix-huitième que les reproduire ? Revenons à Charron.
Charron est plein de mépris pour le vulgaire. « Il faut, dit-il, se garder de ses jugements, et, sans faire bruit, tenir toujours son petit bureau à part. » C’est du Saint-Évremond tout pur. Selon Charron, il y a trois étages de gens, dans le monde : les théologiens, le commun des hommes, et les philosophes. Il respecte fort les premiers et les laisse à l’écart. Quant au commun des hommes, « il est, selon lui, né pour servir. Il a peur des lutins, et que le loup