vu chez les Grecs et chez les Romains qu’un culte superstitieux d’idolâtres, ou une invention humaine, politiquement établie, pour bien gouverner les hommes. Il ne m’a pas été difficile de reconnoître l’avantage de la religion chrétienne, sur les autres ; et, tirant de moi tout ce que je puis, pour me soumettre respectueusement à la foi de ses mystères, j’ai laissé goûter à ma raison, avec plaisir, la plus pure et la plus parfaite morale qui fut jamais. » Sur ce point, Saint-Évremond a été plus que chrétien de profession: il a été catholique déclaré. Nous avons, à cet égard, une éclatante manifestation de sa pensée dans sa lettre à M. Justel, où sa philosophie remonte à de si hauts principes politiques, et où il montre que les réformés ne sont pas restés plus conséquents, ni plus irréprochables que les catholiques ; qu’il faut savoir vivre et mourir dans la religion de son pays, garder les traditions, et qu’à tout prendre le catholicisme gallican auroit dû suffire à des esprits avisés, sans recourir à la séparation. « Si j’avois été à la place des réformés, dit-il, j’aurois reçu le livre de M. de Condom, le plus favorablement du monde ; et après avoir remercié ce prélat de ses ouvertures insinuantes, je l’aurois supplié de me fournir une catholicité purgée, et conforme à son exposition de la foi catholique. Il ne l’auroit pas trouvée en Italie, en Espagne, ni en Portugal : mais il auroit pu vous la faire trouver en France, dégagée des superstitions de la multitude, et des inspirations des étrangers ; réglée avec autant de sagesse que de piété par nos lois, et maintenue avec fermeté par nos parlements. Alors, si vous craignez la puissance du pape, les libertés
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