Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/186

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mond employa l’arme du bon sens, soutenu par l’esprit, pour réduire à leur néant ces déclamations contre les favoris, qui étoient à la mode dans les réunions de la noblesse, comme dans les assemblées des robins et des bourgeois. Nous avons déjà parlé de l’apparition de sa contre-maxime dans les salons de Mme de Sablé. Il est trop vrai qu’elle ne convertit personne, et qu’elle ne servit qu’à honorer son auteur.

S’il y eut quelque chose de juste, peut-être même de grand, dans les primitives impressions des frondeurs, leur cause fut bientôt déshonorée par la prédominance de l’intérêt personnel sur l’intérêt de l’État, par les basses cupidités et par les vanités intolérables, enfin par l’appel à l’étranger. Mais les mœurs étoient plus rudes qu’aujourd’hui, surtout dans les classes élevées, où l’opulence n’avoit point encore amolli les esprits. C’étoit comme un reste des mœurs féodales. La guerre civile n’effrayoit personne, et les peuples même y étoient alors habitués. On diroit que la société trouve quelquefois, et providentiellement, son avantage dans ces calamités. L’énergie des esprits s’y relève, et, à ce point de vue, le dix-septième siècle doit plus qu’on ne pense aux agitations de la Fronde. Cependant, comment ne pas flétrir des témérités qui compromirent la fortune de la France, tout en suscitant de grands caractères, comme celui de Matthieu Molé ! Les discussions parlementaires de cette année 1648 « levèrent, au dire de Retz lui-même, le voile qui doit toujours couvrir tout ce que l’on peut dire et tout ce que l’on peut croire du droit des peuples et de celui des rois, qui ne