Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/206

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mirent bas les armes et les jetèrent en bas de la muraille pour se sauver, ce qui fit résoudre à Mme de Longueville de se retirer ; et se voulant réfugier sur le vaisseau qu’elle faisoit tenir à la rade, pour cela, elle fut empêchée de se servir de l’esquif par le sieur de Saint Aignan, qui avoit un corps de garde bourgeois contre ledit château. Elle fut donc contrainte d’envoyer quatre gentilshommes à un petit village, à un quart de lieue du château, sur le bord de la mer, pour prendre des matelots, et leur faire mettre en mer une barque qui s’y trouva. Dans le temps qu’ils retournèrent pour prendre la dite dame et l’y mener, les matelots eurent la malice de faire un trou à cette barque, pour lui faire prendre eau ; et de plus, lorsqu’ils portèrent ma dite dame avec ses filles, dans cette barque, ils en firent tomber deux dans l’eau. En sorte qu’en arrivant dans ce méchant bateau, le trouvant fort chargé d’eau, et le temps étant, outre cela, assez mauvais, elle fut obligée de se remettre à terre, où après s’être séchée elle monta en croupe avec ses deux filles, et prit le chemin de Neuchâtel. On dit que MM. de Tracy, Saint-Ibal, Barrière, sont avec elle avec d’autres gentilshommes. Il est à remarquer que si elle avoit pu joindre le vaisseau qu’elle avoit à la rade de Dieppe, elle auroit été prise infailliblement, parce que le capitaine, nommé Daniel, en avoit prêté serment, le jour même, à un officier que le sieur Du Plessis-Bellière lui avoit envoyé. »

Ce qui advint ailleurs, depuis l’arrestation des princes, n’est ignoré de personne. La guerre civile