Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/207

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

éclata aux quatre coins de la France. La cour, en retournant de Normandie (3 mai 1650), fut obligée d’aller se montrer à Bordeaux et d’y traiter avec la révolte9. Mazarin, craignant pour sa sûreté, dans Paris, transféra les princes à Marcoussis, puis au Havre, où il les mit en liberté, sans obtenir leur réconciliation ; et ce ne fut qu’au prix d’un long exil du cardinal que la Reine elle-même put sauver les affaires du jeune Roi, son fils. La soumission de M. de Turenne, (2 mai 1650), que le duc de Bouillon avoit entraîné dans la première fronde, fut un coup de Providence, en ces moments critiques ; car dès le mois d’octobre la guerre civile recommença, et cette fois Condé se mit résolument à la tête des rebelles. Les services que rendit alors M. de Turenne n’ont pas eu d’appréciateur plus exact que Saint-Évremond, qui servit sous ses ordres, combattit auprès de lui, plus d’une fois, et fut le témoin des graves événements dont il a rendu compte.

« M. de Turenne, dit-il, dans son Éloge, trouva la cour si abandonnée, qu’aucune ville ne la vouloit recevoir : les parlements s’étoient déclarés contre elle, et les peuples, prévenus d’une fausse opinion du bien public, s’attachoient aveuglément à leurs déclarations. M. le duc d’Orléans étoit à la tête des parlements, M. le Prince à celle des troupes ; Fuensaldagne s’étoit avancé jusqu’à Chauny, et M. de Lorraine n’en étoit pas éloigné. Tel étoit l’état de cette cour malheureuse, quand M. de Turenne, après quelques sièges et quelques combats, dont je laisse le récit aux historiens, la


9. Voy. Loret, édit. citée, p. 46 et 47.