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Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/262

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quoiqu’il fût l’œuvre d’un exilé. Mais rien n’égale la tendresse avec laquelle il en a parlé à Mme de Mazarin en 1676, dans un autre écrit consacré, aussi, à l’amitié. « Comme je n’ai, y dit-il, aucun mérite éclatant à faire valoir, je pense qu’il me sera permis d’en dire un qui ne fait pas la vanité ordinaire des hommes ; c’est de m’être attiré complètement la confiance de mes amis ; et l’homme le plus secret que j’aie connu en ma vie n’a été plus caché avec les autres, que pour s’ouvrir davantage avec moi. Il ne m’a rien celé, tant que nous avons été ensemble ; et peut-être qu’il eût bien voulu me pouvoir dire toutes choses, lorsque nous avons été séparés. Le souvenir d’une confidence si chère m’est bien doux ; la pensée de l’état où il se trouve m’est plus douloureuse. Je me suis accoutumé à mes malheurs, je ne m’accoutumerai jamais aux siens ; et puisque je ne puis donner que de la douleur à son infortune, je ne passerai aucun jour sans m’affliger, je n’en passerai aucun sans me plaindre. »

Le portrait que Saint-Évremond consacre à Ruvigny, dans la conversation du duc de Candale, est d’un intérêt particulier, aujourd’hui que ce personnage nous est mieux connu, par les indiscrétions de Tallemant, son beau-frère. Henri Massués, marquis de Ruvigny, étoit d’une branche bâtarde de la riche et puissante maison de Bellengreville. Son père étoit fils naturel de l’abbé des Alleux, lequel étoit frère cadet de Joachim de Bellengreville, grand prévôt de l’hôtel, sous Henri IV, célèbre pour de beaux faits d’armes, pendant la ligue, et pour avoir épousé, à quatre-vingts ans, une jeune