Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/268

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M. de Turenne. Il est assuré que Saint-Évremond avoit recueilli, sur la vie du grand capitaine, deux volumes de notes précieuses, perdus, avec d’autres papiers importants, à l’époque où il dut précipitamment s’éloigner de sa patrie, pour sauver sa liberté. Rappelons encore les noms du chevalier de Meré, talent délicat jusqu’à la recherche ; du maréchal d’Hocquincourt, immortalisé par une Conversation dont nous parlerons encore plus d’une fois ; de Chapelle, esprit charmant, à qui tout art, toute contrainte et tout travail étoient insupportables, et dont la désinvolture étoit si spirituelle et si piquante ; de Barillon, si estimé de la société polie et lettrée ; de Chamilly, l’un de ceux à qui l’on suppose que furent adressées les lettres portugaises, et frère d’armes de Saint-Évremond, à Fribourg ; de Montresor, quelquefois si importun ; du commandeur de Jars, ami si honorable de Mlle de Hautefort ; sans oublier le chevalier de Grammont, dont la légèreté spirituelle et légendaire cachoit l’indéfectible solidité d’un ami, et que nous retrouverons plus tard, à la cour de Charles II ; le comte d’Olonne, à qui son épouse, avec l’aide de Bussy, a fait un nom qui répond mal au vrai mérite de ce seigneur ; le chevalier de Matha, si aimable et si galant ; Pierre Corneille, ce grand poëte si mal taillé, dit-on, de sa personne, pour l’amour, et qui donna un caractère à l’amour francois, au dix-septième siècle ; enfin Molière et la Fontaine, dont l’estime pour Saint-Évremond dura toute leur vie et eut pour trait d’union l’amitié de Ninon de Lenclos.