Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/277

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gnage enfin de Ninon elle-même, si franche d’habitude, surtout dans une lettre à Saint-Évremond ?

M. Walckenaer a réuni5, et spirituellement coordonné, quoique avec trop de confiance, des documents épars sur une partie de la vie de Ninon. Mais il n’a pas connu l’acte de naissance, ce qui lui fait ajouter foi à des traditions trompeuses, sur ses premières amours. Il attribue pour amants à Ninon, le mari, le fils et le petit-fils de Mme de Sévigné. Où a-t-il pris ce petit-fils ? je l’ignore. Il a fait bonne justice, toutefois, de la fable de Voltaire touchant le cardinal de Richelieu. Du reste, plusieurs contemporains de Ninon de Lenclos n’ont pas été plus véridiques ou mieux informés ; témoin ce journal manuscrit dont M. P. Paris cite un fragment. Je prouverai plus tard la fausseté de l’arrestation, rapportée par ce bourgeois de Paris.

Il est probable que Saint-Évremond avoit connu Ninon de Lenclos dès son jeune âge, chez Marion de Lorme. Le père de Ninon, voisin de celle-ci, au Marais, étoit très-familier chez Marion, et y mena sa fille de bonne heure. François de Rouville, cousin de Saint-Évremond, beau-frère de Bussy-Rabutin, et l’un des plus brillants seigneurs de l’époque et des plus répandus, homme d’esprit autant que de plaisir, avoit été l’un des premiers amants de Mlle de Lorme, et y avoit introduit Saint-Évremond.

Marion de Lorme, que le cardinal de Retz qualifie d’un peu moins qu’une prostituée, et dont le jugement a été accepté sur la parole d’un garant si


5. Tom. I et tom. IV de ses Mémoires pour servir à l’hist. de Mme de Sévigné.