Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/284

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échapperoient de ses fers, s’ils ne fesoient que la voir, qui ne s’en pourraient pas défendre s’ils l’entendoient parler ; et c’est cette aimable qualité qui a si longtemps attaché Gabinius (le duc de Guiche) auprès d’elle. Cette illustre personne est connue pour un des plus accomplis courtisans de la cour d’Alexandre, et il est vrai qu’il ne la cherchoit que pour son esprit, non pas dans la pensée que beaucoup ont eue, qu’il y avoit quelque intrigue entre eux, ce que l’on n’a jamais que soupçonné, sur les conjectures de ses visites. Je sais bien que qui voudroit écrire tout ce que l’on pourroit dire d’elle, n’auroit jamais fait ; qu’on l’a soupçonnée d’avoir eu des amants qui n’étoient pas mal auprès d’elle ; qu’on l’a même accusée d’avoir des emportements pour eux ; mais moi qui n’aime à parler des choses qu’avec connoissance, je me contente d’ajouter à ce que j’en ai dit qu’elle loge proche la place Dorique (la place Royale). »

Je le demande à tout homme non prévenu : est-ce ainsi qu’un contemporain a dû parler d’une effrontée, d’une courtisane, d’une pervertie, perdue de réputation, comme nous l’a donnée Voltaire ?

Ninon est née en novembre 1620, sous la paroisse de Saint-Jean en Grève, ou probablement elle a résidé jusqu’à la mort de sa mère. De Saint-Jean en Grève il ne reste plus une pierre. Elle étoit


ignore l’auteur ; et celle de l’édition du même ouvrage de 1751, qui est meilleure, et qu’a gravée Laine, n’indiquent pas l’original d’après lequel elles ont été reproduites. La gravure d’Auber paroît représenter Ninon à 40 ans. Elle avoit alors encore tout l’éclat du bel âge et de ses charmes.