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Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/283

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précieuse ; mais, à le bien examiner, l’on verra qu’en parlant de Nidalie j’avois sujet de poser ces fondements, puisque ceux qui l’ont mal connue l’ont voulu faire passer pour ce qu’elle n’est point. Mais, pour en parler plus juste que ceux là n’ont fait, je dirai que c’est une fille fort rêveuse et qui se laisse aller à une mélancolie dont ceux qui ne la verroient qu’en compagnie la croiroient peu capable, car elle y paroît agréable, et y marque une vivacité d’esprit qui la fait rechercher de tous ceux qui savent goûter le plaisir de converser avec les personnes spirituelles. Pour de la beauté, quoique l’on soit assez instruit qu’elle en a ce qu’il en faut pour donner de l’amour, il faut pourtant avouer que son esprit est plus charmant que son visage9, et que beaucoup


9. Il n’existe plus, à Paris, de portrait connu de Ninon de Lenclos. Cependant Douxmesnil, qui a fait quelques recherches à ce sujet, en a signalé trois qui peuvent se retrouver : 1º celui de Ferdinand, qui paroît avoir été fort beau, et que Ninon avoit donné à l’abbé Gédoyn, son parent et son ami. Les héritiers de l’abbé ont refusé, en 1750, de le céder à Douxmesnil ; 2º un petit portrait que Ninon avoit donné à un vieux domestique, et que celui-ci n’avoit pas conservé, lorsque Douxmesnil le lui demanda ; 3º enfin un autre portrait de Ferdinand, que Ninon avoit donné à la comtesse de Sandwich, dont l’admiration pour Ninon avoit vivement touché celle-ci. Ce portrait doit se trouver encore, dans quelque château de maison de Montagu, en Angleterre.

Quant aux gravures, deux seulement ont de l’authenticité : toutes deux, d’après les portraits de Ferdinand ; celle d’Auber en tête des Lettres de Ninon, 2 vol. in-12, 1775 ; et celle de Thomas Wastley, exécutée en 1757 aux frais du comte de Sandwich ; elle est fort belle. Celle du recueil d’Odieuvre, dont le graveur est inconnu ; une autre que Fontette a dit être l’ouvrage de Petit ; celle des Mémoires de Bret, de 1775, dont on