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Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/309

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ce qui fournit l’occasion, à ce dernier, d’adresser à la moderne Leontium, bien supérieure à l’ancienne, cette épître gracieuse sur la morale d’Épicure, qu’on peut lire dans notre premier volume. Dans leur enthousiasme irréfléchi pour l’antiquité, les amis de Ninon n’avoient pas même remarqué combien la réputation contestée de l’amie d’Épicure et de Métrodore, rendoit peu flatteuse une dénomination, qu’on avoit pourtant décernée dans l’intention d’honorer Mme de Lenclos. Il suffisoit que le nom fût antique, pour qu’il parût beau.

À la rue des Tournelles accouroient encore le fameux Soyecourt, ou Saucourt, que la médisance donna pour amant à Ninon, et dont la réputation fut entamée, après un bon tour que lui jouèrent des malins et qui est raconté par Hamilton ; M. de Lauzun que devoit illustrer la passion romanesque de Mademoiselle ; le comte de Vassé, que Rouville avoit surnommé : Son impertinence, mais dont Ninon apprécioit l’affection, sans lui rien céder, et sans lui épargner même des mots piquants qu’il supporta ; le marquis de Termes, esprit fin et caustique ; le marquis de Matha, ami intime de Grammont, aimable et plein de charme, comme lui ; le savant astronome Huyghens qui lui adressa des vers si géométriques, comme dit Voltaire, et dont elle dut tant s’amuser ; Fontenelle, dont l’esprit ingénieux, contenu, mais indépendant, alloit à cette société ; Corbinelli et Coulanges, qui en fesoient de merveilleux rapports à Mme de Sévigné ; Régnier Desmarais, Saint-Pavin, l’abbé Fraguier ; Rémond le grec, qu’elle railloit impitoyablement ; la Mesnardière, si vaniteux ; Lafare, Chaulieu, Courtin, tous