Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/333

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sés, et que le souffle le plus léger de la fortune tournera contre moi ; sans autres parents que des gens qui demandent sans cesse, et qui ne méritent pas toujours. Vous jouissez d’une liberté entière : je vis dans un esclavage continuel. Croyez-moi, ma belle (car vous ne cesserez jamais de l’être), les intrigues de la cour sont bien moins agréables que le commerce de l’esprit. Mes compliments à nos anciens amis. Mme de Coulanges et moi, nous célébrâmes hier votre santé à Maintenon : et nous n’oubliâmes pas la chambre des élus. Continuez, je vous prie, vos bontés à M. d’Aubigné. »

Il a dû exister beaucoup de lettres du genre de celles qu’on vient de lire, ainsi que des réponses de Mlle de Lenclos. On les trouvera peut-être encore dans les dépôts de Saint-Cyr. Mais Ninon, qui n’a fait que du bien à tout le monde, et qui n’a manqué de foi qu’à une seule personne, à M. de la Châtre, malgré son billet ; Ninon n’a laissé ni héritiers, ni apologiste. Madame de Maintenon, l’habile femme, s’est arrangée pour avoir l’un et l’autre. Ninon a imposé, tant qu’elle a vécu. Après sa mort, le champ est resté libre aux apologistes de Mme de Maintenon, fort embarrassés des souvenirs de Ninon de Lenclos.

Saint-Simon, bien informé, sur ce point, nous dit que : « Ninon est restée amie intime de Mme de Maintenon, tout le temps que celle-ci demeura à Paris (c’est-à-dire avant son établissement à la Cour). Mme de Maintenon n’aimoit pas qu’on lui parlât d’elle ; mais elle n’osoit la désavouer. Elle lui a écrit de temps en temps, jusqu’à sa mort,