ceux qu’elle devoit obtenir plus tard, sur un plus grand théâtre, dans sa patrie. Ninon écrivoit, à ce sujet, à Saint-Évremond : « Mme de Sandwich m’a donné mille plaisirs, par le bonheur que j’ai eu de lui plaire : je ne croyois pas, sur mon déclin, être propre à une femme de son âge. » La comtesse voulut emporter en Angleterre le portrait de Mlle de Lenclos, qui lui offrit un exemplaire de celui de Ferdinand, dont la noble famille de Sandwich a fait exécuter la gravure avec splendeur.
L’abbé Fraguier, de l’Académie françoise, qui étoit en ce temps-là, du cercle intime de Mlle de Lenclos, nous en a laissé le portrait suivant : « C’étoit un esprit et des manières au-dessus de tout, pour les agréments ; et une probité si pure que le mélange des agrémens avec la vertu en faisoit un prodige. Si elle eût passé sa vie dans les premiers emplois de l’État, elle n’auroit pas eu une vieillesse plus honorable, ni plus respectée, que celle qui suivoit une vie pleine de galanterie. Les personnes âgées l’aimoient par le souvenir de la supériorité qu’elle avoit eue de leur temps, dans le monde ; et moins par le souvenir de ses charmes que par celui de ses vertus. Les jeunes personnes l’aimoient pour les grâces et la beauté qu’elles voyoient en elle, dans un âge si avancé, et qui étoient telles que rien ne pouvoit lui être comparé. Son destin lui attachoit les plus honnêtes gens de la cour et de la ville. Mais, il ne lui attachoit que les honnêtes gens. De sorte qu’il importoit peu qu’un secret ne fût sçu que d’elle, ou le fût de tout ce qui entroit chez elle. C’étoit une liaison naturelle, une amitié intime, entre tous ceux qui