Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/342

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porains. L’abbé de Chateauneuf36, dans une épitaphe qu’il composa pour Mlle de Lenclos, avoit dit déjà qu’elle

fit régner dans son cœur
Et la galanterie et l’austère pudeur,
Et montra ce que peut le triomphant mélange
Des charmes de Vénus et de l’esprit d’un ange.



CHAPITRE XI.
Le salon de Mademoiselle. — Madame d’Olonne.

Saint-Évremond avoit été l’un des habitués de l’hôtel de Rambouillet, lorsqu’il étoit le compagnon d’armes du frère de Julie d’Angennes, le marquis de Pisani, qui fut tué à Nordlingue. Mais pouvoit-il encore revenir dans ce salon, après la Comédie des académistes, où étoient tournés en ridicule presque tous les coopérateurs de la Guirlande de Julie ? Ses amitiés, ou l’indépendance de son esprit, l’avoient éloi-


36. L’abbé de Chateauneuf, homme de beaucoup d’esprit, a fini sa carrière diplomatique, à Paris, dans une retraite fort honorée. Il étoit très-bien venu, à la rue des Tournelles, dans les dernières années de Ninon, ce qui a donné lieu à l’anecdote des quatre-vingts ans, que l’on connoît, et dont l’âge seul de l’abbé montre l’absurdité. Il est mort en 1709 ou 1711, laissant un Dialogue sur la musique des anciens, qui a été publié après son décès (1725 et 1734, in-8º), et où il raconte plusieurs traits de la vie de Ninon, pour laquelle ce petit livre paroît avoir été composé. On sait qu’elle étoit excellente musicienne.