Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/37

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Évremond dut s’appliquer à l’étude de ces deux littératures, qui, au début du dix-septième siècle, offroient à l’esprit françois des modèles, dont notre langue étoit encore dépourvue. Le génie, le tour, l’agrément et les défauts de ces deux littératures se retrouvent dans Saint-Évremond.

Il porta donc, dans les camps, la politesse de l’homme du monde, et l’esprit cultivé de l’homme de lettres ; et ces avantages se joignant à l’aptitude militaire, lui valurent l’estime et l’amitié des personnages les plus distingués de cette époque. Il avoit été remarqué, à l’expédition de Trêves, par le maréchal d’Estrées, qui, malgré la distance des âges, l’honora de sa bienveillance et fut charmé d’une liberté d’esprit qui convenoit à la sienne6. Il se fit de plus particuliers amis, au siége d’Arras, de 1640, où la plus belle jeunesse de France fit assaut de bravoure, d’aventures et d’exploits chevaleresques. Il s’y acquit l’affection demeurée inviolable du comte de Miossens, connu depuis sous le nom de maréchal d’Albret ; et du comte de Palluau, qui fut ensuite le maréchal de Clérembaut.

Mais ce qui le flatta le plus, ce fut d’être distingué par le duc d’Enghien, jeune général d’héroïque espérance, qui s’éprit pour Saint-Évremond d’un goût justifié par son talent, sa valeur et ses belles manières. Saint-Évremond étoit de ceux avec qui le prince aimoit à se retirer et à s’entretenir fa-


6. Voy. sur le maréchal d’Estrées, ses curieux Mémoires de la régence de Marie de Médicis, dans la Collection de Michaud et Poujoulat ; et l’Historiette de Tallemant, I. Pag. 383.