Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/383

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tures militaires s’étoient converties en une affection personnelle, dont il reste le témoignage touchant dans une page d’exquise amitié, que nous avons aussi rappelée, et dont on a vainement contesté l’application à Fouquet. Mais un lien plus étroit, et d’un autre genre, unissoit Saint-Évremond le philosophe et Fouquet le financier. Celui-ci avoit une amie intime, dévouée et connue dans Mme du Plessis-Bellière, mère de la marquise de Créqui. Par les Créqui, Saint-Évremond étoit entré dans l’amitié de Mme du Plessis, presque aussi avant que Fouquet lui-même. C’étoit, au jugement de l’annotateur de Dangeau (Saint-Simon), « une des femmes de France qui, avec de l’esprit et de l’agrément, avoit le plus de tête, le courage le plus mâle, le secret le plus profond, la fidélité la plus complète, et l’amitié la plus persévérante. Elle souffrit la prison la plus rigoureuse, les menaces les plus effrayantes, et enfin l’exil le plus fâcheux, à l’occasion de la chute de M. Fouquet, et acquit une estime, même de leurs communs persécuteurs, qui se tourna à la fin en considération, sans avoir cessé d’être, jusqu’au bout, la plus ardente et la plus persévérante amie de M. Fouquet, à travers les rochers de Pignerol, et à la connoissance du public, et de leurs communs amis. » En outre de ces relations, Saint-Évremond voyoit beaucoup Mme Fouquet, l’épouse du surintendant : autre femme d’un esprit charmant et d’un commerce fort aimable ; honorée, en tout temps, de Mme de Sévigné, alors


hôtel, indiqué sur le plan de Gomboust, et aujourd’hui divisé en deux, rue du Temple, nos 101 et 103.