de cette ironie voisine du mépris, moins délicate, peut-être, que celle qu’on admire dans la Retraite du duc de Longueville, mais plus caustique et plus blessante ; et les conjectures de l’auteur sembloient d’autant plus vraisemblables, que Mazarin étoit plus décrié, à l’endroit de l’argent, et qu’à la paix de Munster, on lui avoit fait des reproches non moins bruyants, ainsi qu’on le peut voir dans les Mémoires de Guy-Joly7.
Le marquis de Créqui n’avoit montré qu’à quelques amis sûrs, tels que le maréchal de Clérambaut8, les confidences de son correspondant ; mais, peu de temps après le traité des Pyrénées, un autre grand événement vint surprendre les contemporains, et entraîna la perte de Saint-Évremond : je veux parler de la disgrâce de Fouquet. Comment Saint-Évremond a-t-il été compromis dans la catastrophe du surintendant ? Le voici.
Saint-Évremond avoit jadis connu Fouquet, en Flandre et en Guienne, ainsi que nous l’avons fait remarquer9 ; et ces premières relations de fourni-
7. Voy. aussi une lettre de Guy-Patin, du 13 décembre 1659, où se trouvent des détails sur l’exécution du marquis de Bonnesson, un des chefs de la conspiration des Sabotiers, dont le cardinal eut une crainte si ridicule, et dont il est parlé dans la Lettre de Saint-Évremond sur la paix des Pyrénées.
8. L’hôtel de ce vieux ami de Saint-Évremond étoit rue du Bouloi, no 11. C’est l’hôtel des Empires d’aujourd’hui. On y voit encore une rampe ouvragée, qu’on dit dater du temps du maréchal. Les nos 8 et 10, de la même rue, étoient l’hôtel du Lude, en face de celui de Clérambaut. Au no 24, l’hôtel des Fermes d’autrefois, étoit la magnifique demeure du chancelier Séguier.
9. Fouquet, étant procureur général, habitoit un bel