prince, dont Saint-Évremond faisoit partie. Fouquet étoit un homme de beaucoup d’esprit : on ne sera pas étonné qu’il ait trouvé celui de Saint-Évremond à son gré.
Lorsque l’armée eut pris ses quartiers d’hiver, Saint-Évremond revint, avec le duc d’Enghien, à Paris ; il y fut témoin de la réception enthousiaste que la cour et la ville firent au vainqueur. Admis dans les salons de l’hôtel de Condé, rendez-vous de la plus grande et de la plus spirituelle compagnie, Saint-Évremond y trouva un nouveau théâtre de succès ; je le soupçonne même d’y avoir fait partie de la fameuse cabale des petits maîtres.
Après la reprise des hostilités, vint la bataille de Fribourg en Brisgau (1644), si sanglante et si disputée, du moins au début, et où Saint-Évremond combattant encore auprès du duc d’Enghien, partagea tous les périls auxquels le prince fut exposé. L’année suivante (1645), il se trouvoit à la bataille de Nordlingen, où il fut grièvement blessé. Ayant reçu l’ordre de se mettre à la tête d’une troupe choisie, pour prendre à revers une hauteur occupée par les ennemis, et d’où ils incommodoient l’armée françoise, il essuya pendant trois heures le feu de leur mousqueterie et d’une batterie de campagne. Il opéra, sans doute, une diversion puissante, mais il y perdit presque tout son monde, et il fut blessé lui-même, au genou gauche, d’un coup de fauconneau. On demeura quelques semaines dans l’incertitude sur le sort de ses jours. Sa bonne constitution et l’habileté d’un chirurgien le sauvèrent de la mort.