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CHAPITRE III.
La Comédie des académistes.

Pendant l’hiver qui précéda la campagne de Rocroi, et tandis que Richelieu se mouroit, une pièce satirique et mordante couroit, en manuscrit, dans les salons de Paris ; c’étoit la Comédie des académistes, pour la réformation de la langue françoise. Elle fit du bruit, et obtint un certain succès dans le monde. Aujourd’hui même encore, on en peut lire quelques pages avec plaisir. Chacun des membres fondateurs de l’Académie françoise y étoit, sous son nom personnel, affublé d’un ridicule assez piquant, et notre grand poëte comique y a pris, à coup sûr, l’idée d’une de ses meilleures scènes. L’auteur n’en étoit pas avoué ; mais on murmuroit le nom de Saint-Évremond, déjà placé au rang des beaux esprits du temps.

La correction de la langue et le soin de la fixer ont été l’une des préoccupations dominantes de la première moitié du dix-septième siècle ; et l’on doit s’étonner que, au milieu des agitations si profondes de cette époque mémorable, l’esprit françois ait pu s’adonner, avec tant de constance et d’application, au perfectionnement paisible et réfléchi de la manifestation de la pensée. Si l’on considère, en effet, les progrès de la langue, depuis la mort