Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/402

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j’avois envie de faire par plaisir. Je ne prétends pas que cet accommodement si aisé me doive attirer de la louange ; je confesse, au contraire, que j’en ai été souvent plus vicieux : ce qui ne venoit point d’une perversion d’intention, qui allât au mal, mais de ce que le vice se fesoit agréer comme une douceur, au lieu de se laisser connoître comme un crime. »

Il étoit supérieur dans la conversation ; et l’on peut voir comme il en montre habilement les ressorts et les triomphes, dans la même Lettre au maréchal de Créqui. Comme il connoît bien ce qui fait réussir auprès des femmes ! Comme il apprécie les conditions plus difficiles du succès, dans la conversation des hommes ! Aussi se montre-t-il accommodant, quand il s’agit de ce talent si rare. « J’ai été autrefois, dit-il, plus difficile qu’aujourd’huy ; et je pense y avoir moins perdu du côté de la délicatesse, que je n’ai gagné du côté de la raison. Je cherchois alors des personnes qui me plussent, en toute chose ; je cherche aujourd’hui, dans les personnes, quelque chose qui me plaise. C’est une rareté trop grande, que la conversation d’un homme en qui vous trouviez un agrément universel, et le bon sens ne souffre pas une recherche curieuse, de ce qu’on ne rencontre presque jamais… Ce n’est pas, à dire vrai, qu’il soit impossible de trouver des sujets si précieux ; mais il est rare que la nature les forme, et que la fortune nous en favorise… Dans les mesures que vous prendrez pour la société, faites état de ne trouver les bonnes choses que séparément, etc. Ce grand maître du théâtre, à qui