Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/417

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réputation l’entraîne. Il s’arrête tout court, dès qu’il n’a plus de témoins ; c’est un faux brave qui tourne les yeux pour voir si on le regarde ; c’est un hypocrite qui donne l’aumône à regret, et qui ne paye ce tribut à Dieu que pour tromper les hommes.

Il est encore d’autres amis qui n’ont pour but que de se contenter. Cette loi intérieure qu’ils s’imposent à eux-mêmes les rend fidèles et bienfaisants : mais il y a dans toutes leurs actions une régularité gênée qui embarrasse ceux qu’ils obligent. Tout se fait chez eux par poids et par mesure. Malheur à celui qui a besoin de leur service, quand ils croient avoir rempli leurs devoirs !

Pourvu qu’ils n’aient rien à se reprocher, l’infortune d’autrui ne les touche point ; au contraire, ils seroient marris qu’elle finît sitôt. Ils la font durer quelquefois, pour faire durer leur gloire. Ils s’applaudissent, ils triomphent en secret d’une disgrâce qui leur donne occasion de se signaler. Au lieu de chercher les moyens les plus prompts pour vous secourir, ils cherchent les plus éclatants pour se faire honneur : ils marchent toujours à grand bruit ; et enfin, ils regardent leurs amis comme des victimes dévouées à leur réputation. À dire vrai, ces gens-là n’aiment qu’eux ; et, s’ils croient ne point mériter de reproche, on peut