Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/423

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L’HOMME QUI VEUT CONNOÎTRE TOUTES CHOSES
NE SE CONNOÎT PAS LUI-MÊME1.
À Monsieur ***.
(1647.)

Vous n’êtes plus si sociable que vous l’étiez. L’étude a je ne sais quoi de sombre qui gâte vos agréments naturels : qui vous ôte la facilité du génie, la liberté d’esprit que demande la conversation des honnêtes gens. La méditation produit encore de plus méchants effets pour le commerce ; et il est à craindre que vous ne perdiez, avec vos amis, en méditant, ce que vous pensez gagner avec vous-même.

Je sais que votre occupation est importante et sérieuse. Vous voulez savoir ce que vous êtes et ce que vous serez un jour, quand vous cesserez d’être ici. Mais, dites-moi, je vous prie, vous peut-il tomber dans l’esprit que ces philosophes, dont vous lisez les écrits avec tant


1. Le texte de ce fragment est bien plus altéré que le précédent, dans les anciennes éditions françoises. Je suis, ici, la leçon de Des Maizeaux, fixée par Saint-Évremond même. Pour le précédent, j’ai suivi le texte de Barbin.