Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/424

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de soin, aient trouvé ce que vous cherchez ? Ils l’ont cherché comme vous, Monsieur, et ils l’ont cherché vainement. Votre curiosité a été de tous les siècles, aussi bien que vos réflexions et l’incertitude de vos connoissances. Le plus dévot ne peut venir à bout de croire toujours, ni le plus impie de ne croire jamais ; et c’est un des malheurs de notre vie de ne pouvoir naturellement nous assurer s’il y en a une autre, ou s’il n’y en a point.

L’auteur de la nature n’a pas voulu que nous pussions bien connoître ce que nous sommes ; et parmi des désirs trop curieux de savoir tout, il nous a réduits à la nécessité de nous ignorer nous-mêmes. Il anime les ressorts de notre âme, mais il nous cache le secret admirable qui les fait mouvoir ; et ce savant ouvrier se réserve à lui seul l’intelligence de son ouvrage. Il nous a mis au milieu d’une infinité d’objets, avec des sens capables d’en être touchés : il nous a donné un esprit qui fait des efforts continuels pour les connoître. Les cieux, le soleil, les astres, les éléments, toute la nature, celui même dont elle dépend, tout est assujetti à sa spéculation, s’il ne l’est pas à sa connoissance. Mais avons-nous les moindres douleurs ? Nos belles spéculations s’évanouissent. Sommes-nous en danger de mourir ? il y a peu de gens qui ne donnassent les avan-