Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/430

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J’avoue qu’il y a de la peine à se persuader que des gens raisonnables aient voulu rendre cette opinion-là universelle. Je pense qu’ils n’ont eu d’autre dessein que de parler aux malheureux, pour guérir des esprits malades d’une inquiétude qui ne sert de rien. En ce cas-là, je ne saurois les condamner. S’il est permis d’appeler une maîtresse ingrate et cruelle, quand on l’a servie sans aucun fruit ; à plus forte raison, ceux qui croient avoir reçu des outrages de la fortune, ont droit de la quitter, et de chercher loin d’elle un repos qui leur tienne lieu des biens qu’elle leur refuse. Quel tort lui fait-on de lui rendre mépris pour mépris ? Je ne trouve donc pas étrange qu’un honnête homme méprise la cour ; mais je trouve ridicule qu’il veuille se faire honneur de la mépriser.

Il y en a d’autres qui ne me déplaisent pas moins : des gens qui ne peuvent quitter la cour, et se chagrinent de tout ce qui s’y passe ; qui s’intéressent dans la disgrâce des personnes les plus indifférentes, et qui trouvent à redire à l’élévation de leurs propres amis. Ils regardent comme une injustice tout le bien et le mal qu’on fait aux autres. La grâce la mieux



cours précédent ; et celle-ci : qu’il ne faut jamais manquer à ses amis.