Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/449

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gagèrent dans le parti de M. le comte[1], contre le cardinal de Richelieu. Si j’ai connu les esprits forts ? Je ferois un livre de tout ce qu’ils ont dit. Bardouville mort, et Saint-Ibal retiré en Hollande, je fis amitié avec La Frette et Sauvebœuf. Ce n’étoient pas des esprits, mais de braves gens. La Frette[2] étoit un brave homme et fort mon ami. Je pense avoir assez témoigné que j’étois le sien, dans la maladie dont il mourut. Je le voyois mourir d’une petite fièvre, comme auroit pu faire une femme, et j’enrageois de voir La Frette, ce La Frette qui s’étoit battu contre Bouteville, s’éteindre ni plus ni moins qu’une chandelle. Nous étions en peine, Sauvebœuf et moi, de sauver l’honneur à notre ami ; ce qui me fit prendre la résolution de le tuer d’un coup de pistolet pour le faire périr en homme de cœur. Je lui appuyois le pistolet sur la tête,

    de Richelieu. Il en est souvent question dans les Mémoires de Retz et dans les Historiettes de Tallemant des Réaux. Voy. aussi M. P. Clément, Correspondance de Colbert, t. I, p. 5.

  1. Le comte de Soissons, 1604–41.
  2. Voy., sur ce personnage, Tallemant, t. IV, p. 245, 289 (éd. de P. Paris), et surtout Saint-Simon, 1708, t. IV, p. 138-39 (édit. en 13 vol. in-18). Saint-Simon indique aussi Sauvebœuf, colonel de Blésois, tué en 1714 ; sans doute le fils de celui dont il est ici question et dont parle Loret, M. H. 19 juillet 1653.