Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/454

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Royal. J’ai toujours été à confesse aux jésuites, depuis ce temps-là ; et, si mon fils a jamais des enfants, je veux qu’ils étudient au collége de Clermont, sur peine d’être déshérités. »

« Oh ! que les voies de Dieu sont admirables ! s’écria le P. Canaye. Que le secret de sa justice est profond ! Un petit coquet de janséniste poursuit une dame à qui Monseigneur vouloit du bien : le Seigneur miséricordieux se sert de la jalousie, pour mettre la conscience de Monseigneur entre nos mains. Mirabilia judicia tua, Domine ! »

Après que le bon Père eut fini ses pieuses réflexions, je crus qu’il m’étoit permis d’entrer en discours, et je demandai à M. le maréchal si l’amour de la philosophie n’avoit pas succédé à la passion qu’il avoit eue pour madame de Montbazon.

« Je ne l’ai que trop aimée la philosophie, dit le maréchal, je ne l’ai que trop aimée ; mais j’en suis revenu, et je n’y retourne pas. Un diable de philosophe m’avoit tellement embrouillé la cervelle de premiers parents, de pomme, de serpent, de paradis terrestre et de chérubins, que j’étois sur le point de ne rien croire. Le diable m’emporte si je

    Boileau l’a célébré. Voy. Sainte-Beuve, loc. cit., I, 471-74 ; IV, 445-41, et ailleurs.