Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/479

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faiseur de miracles, selon l’opinion des crédules, et peut-être selon sa propre persuasion. Quelques personnes de qualité ayant prié M. de Comminges de le faire venir chez lui, pour voir quelqu’un de ses miracles, il voulut bien leur accorder cette satisfaction, tant par sa curiosité naturelle, que par complaisance pour eux ; et il fit avertir le prétendu prophète de venir à sa maison.

Au bruit qui se répandit partout de cette nouvelle, l’hôtel de M. de Comminges fut bientôt rempli de malades qui venoient chercher, dans une pleine confiance, leur guérison. L’Irlandois se fit attendre quelque temps ; et, après avoir été impatiemment attendu, les malades et les curieux le virent arriver, avec une contenance grave, mais simple, et qui n’avoit rien de composé à la fourberie. M. de Comminges se préparait à l’examiner profondément, espérant bien qu’il pourroit s’étendre avec plaisir sur tout ce qu’il avoit lu dans Helmont2 et dans


Angleterre où il joua le même rôle. Le bruit qu’avoit fait l’imposteur engagea M. de Saint-Évremond à écrire cette nouvelle. Peu d’années après, en 1695, Jacques Aymar acquérait le même genre de célébrité, en Dauphiné, par sa baguette divinatoire. La réputation de l’un ne se soutint pas plus longtemps que celle de l’autre.

2. J. B. Van Helmont, fameux médecin alchimiste, et précurseur de Mesmer ; né en 1577, mort en 1644.