Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/490

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vous gémissiez. » La femme répondit aussitôt, sans consulter : « que, pour le témoignage qu’il demandoit, ils étoient obligés de le rendre à l’opiniâtreté des démons, et non pas à sa vertu ; car, en vérité, vénérable père, ajouta-t-elle, depuis votre belle opération, ils nous ont tourmentés, comme par dépit, plus violemment que jamais. » « Vous êtes des incrédules, s’écria le bon Irlandois, animé d’un grand courroux, ou des ingrats, pour le moins, qui taisez malicieusement le bien qu’on vous a fait. Venez, approchez, que je vous convainque d’incrédulité ou de malice ! »

Quand ils se furent approchés, il examina exactement tous les traits de leur visage. Il observa particulièrement leurs regards ; et, comme s’il eût découvert, dans la prunelle de leurs yeux, quelques impressions de ces esprits : « Vous avez raison, dit-il, tout confus, vous avez raison ; ils ne sont pas délogés encore. Ils étoient trop enracinés dans vos corps ; mais ils y tiendront bien, si je ne les en arrache, par la vertu des paroles que je vais proférer : Quittez, race maudite, un séjour de repos, trop doux pour vous, et allez frémir, pour jamais, en des lieux ou habitent l’horreur, la rage et le désespoir. C’en est fait, mes amis, vous êtes assurément délivrés : mais ne revenez pas, je vous prie. Je dois mon temps