d’avoir perdu son erreur. Nos mariés, glorieux et triomphants, jouissoient des douceurs de la victoire ; et M. d’Aubigny, qui passoit d’un esprit à un autre, avec une facilité incroyable, quitta le merveilleux, à l’instant, pour se donner le plaisir du ridicule, avec moi, sur ce qui étoit arrivé. Il n’en demeura pas là ; sa curiosité le porta à faire plus particulièrement connoissance avec la dame, qui lui apprit toutes les aventures de leur imaginaire possession.
QUI M’AVOIT DEMANDÉ EN QUELLE SITUATION ÉTOIT
MON ESPRIT, ET CE QUE JE PENSOIS SUR TOUTES
CHOSES, DANS MA VIEILLESSE1.
Quand nous sommes jeunes, l’opinion du monde nous gouverne, et nous nous étudions plus à être bien avec les autres qu’avec nous-mêmes. Arrivés à la vieillesse, nous trouvons moins précieux ce qui nous est étranger : rien ne nous occupe tant
1. De tous les ouvrages de Saint-Évremond, il n’y en a point où il se soit mieux dépeint, que dans celui-