des choses agréables, qui n’ont que le crime de nous manquer.
Notre jugement doit toujours être le même. Il nous est permis de vivre, et non pas de juger, selon notre humeur. Il se forme dans la mienne je ne sais quoi de particulier, qui me fait moins considérer les magnificences, par l’éclat qu’elles ont, que par l’embarras qu’elles donnent. Les spectacles, les fêtes, les assemblées ne m’attirent plus aux plaisirs qui se trouvent en les voyant : elles me rebutent des incommodités qu’il faut essuyer pour les voir. Je n’aime pas tant les concerts, par la beauté de leur harmonie, que je les crains, par la peine qu’il y a de les ajuster. L’abondance me dégoûte, dans les repas ; et ce qui est fort recherché me paroît une curiosité affectée. Mon imagination n’aide pas mon goût à trouver plus délicat ce qui est plus rare : mais je veux du choix, dans les choses qui se rencontrent aisément, pour conserver une délicatesse, séparée de tout agrément de fantaisie.
J’aime le plaisir de la lecture, autant que jamais, pour dépendre plus particulièrement de l’esprit, qui ne s’affoibit pas comme les sens. À la vérité, je cherche plus dans les livres ce qui me plaît, que ce qui m’instruit. À mesure que j’ai