Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/506

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tre. À la vérité, si tout le monde s’en tenoit à cette maxime, nous n’aurions pas mille beaux ouvrages, dont la lecture nous donne un plaisir fort délicat, mais la maxime regarde bien plus les gens du monde, que les poëtes de profession. D’ailleurs, ceux qui sont capables de ces grandes productions ne résisteront pas à la force de leur génie, pour ce que je dis ; et il est certain que, parmi les auteurs, ceux-là s’abstiendront seulement de faire beaucoup de vers, qui se sentiront plus gênés de leur stérilité, que de mes raisons.

Il faut qu’il y ait d’excellents poëtes, pour notre plaisir, comme de grands mathématiciens, pour notre utilité : mais il suffit, pour nous, de nous bien connoître à leurs ouvrages ; et nous n’avons que faire de rêver solitairement, comme les uns, ni d’épuiser nos esprits à méditer toujours, comme les autres.

De tous les poëtes, ceux qui font des comédies devroient être les plus propres pour le commerce du monde ; car ils s’attachent à dépeindre naïvement tout ce qui s’y fait, et à bien exprimer les sentiments et les passions des hommes. Quelque nouveau tour qu’on donne à de vieilles pensées, on se lasse d’une poésie qui ramène toujours les comparaisons de l’aurore, du soleil, de la lune, des étoiles. Nos descriptions d’une mer calme et d’une mer