Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/513

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vrages ; car ils ont je ne sais quoi de si ingénieux et de si poli, de si fin et de si délicat, qu’ils font perdre le goût des sels attiques, et des urbanités romaines ; qu’ils effacent tout ce que nous voyons de plus spirituel chez les Italiens, et de plus galant chez les Espagnols.

Nous avons quelques pièces particulières, en françois, d’une beauté admirable : telles sont les oraisons funèbres de la Reine d’Angleterre, et de Madame, par M. de Condom3. Il y a, dans ces discours, un certain esprit répandu partout, qui fait admirer l’auteur, sans le connoître, autant que les ouvrages, après les avoir lus. Il imprime son caractère en tout ce qu’il dit ; de sorte que, sans l’avoir jamais vu, je passe aisément de l’admiration de son discours à celle de sa personne.

DE LA CONVERSATION.

Quelque plaisir que je prenne à la lecture, celui de la conversation me sera toujours le plus sensible. Le commerce des femmes me fourniroit le plus doux, si l’agrément qu’on


3. J. B. Bossuet, premièrement évêque de Condom, et ensuite évêque de Meaux. Ces deux oraisons funèbres, prononcées, l’une en 1669, et l’autre en 1670, étaient les seules connues, lorsque Saint-Évremond écrivoit ces pages, en 1671. Bossuet est mort en 1701, un an après Saint-Évremond, qui ne l’avoit pas remarqué, dans des salons où pourtant il avoit dû le rencontrer jadis.