Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/546

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elle produira bientôt celle de l’entendement, sur l’intelligence de la doctrine. Faisons tant que de bien agir ensemble, et nous ne croirons pas longtemps séparément.

Je conclus de ce petit discours, que c’est un mauvais moyen pour convertir les hommes, que de les attaquer par la jalousie de l’esprit. Un homme défend ses lumières, ou comme vraies, ou comme siennes ; et, de quelque façon que ce soit, il forme cent oppositions, contre celui qui le veut convaincre. La nature, donnant à chacun son propre sens, paroît l’y avoir attaché, avec une secrète et amoureuse complaisance. L’homme peut se soumettre à la volonté d’autrui, tout libre qu’il est : il peut s’avouer inférieur, en courage et en vertu ; mais il a honte de se confesser assujetti au sens d’un autre. Sa répugnance la plus naturelle est de reconnoître, en qui que ce soit, une supériorité de raison.

Notre premier avantage, c’est d’être nés raisonnables : notre première jalousie, c’est de voir que d’autres veuillent l’être plus que nous. Si nous prenons garde aux anciennes conversions qui se sont faites, nous trouverons que les âmes ont été touchées, et les entendements peu convaincus. C’est dans le cœur que se forme la première disposition à recevoir les vérités chrétiennes. Aux choses qui sont purement de la nature, c’est à l’esprit de concevoir, et sa