Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/573

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languissant, à la fin, nous fait détester l’offense envers Dieu : ce qu’il a eu de délicieux, en ses commencements, nous fait regretter le plaisir, sans y penser ; et de là vient qu’il y a peu de conversions, où l’on ne sente un mélange secret de la douceur du souvenir, et de la douleur de la pénitence. On pleure, il est vrai, avec une pleine amertume, un crime odieux : mais le repentir des vices qui nous furent chers, laisse toujours un peu de tendresse, pour eux, mêlée à nos larmes. Il y a quelque chose d’amoureux, au repentir d’une passion amoureuse ; et cette passion est en nous si naturelle, qu’on ne se repent point, sans amour, d’avoir aimé. En effet, s’il souvient à une âme convertie d’avoir soupiré : ou elle vient à aimer Dieu, et s’en fait un nouveau sujet de soupirs et de langueurs ; ou elle arrête son souvenir, avec agrément, sur l’objet de ses tendresses passées. La peur de la damnation, l’image de l’enfer, avec tous ses feux, ne lui ôteront jamais l’idée d’un amant : car ce n’est pas à la crainte, c’est au seul amour qu’il est permis de bien effacer l’amour. Je dirai plus : une personne sérieusement touchée, ne songe plus à se sauver, mais à aimer, quand elle s’unit à Dieu. Le salut, qui faisoit le premier de ses soins, se confond dans l’amour, qui ne souffre plus de soins, dans son esprit, ni de désirs, en son âme, que les siens. Que si on