Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/58

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ment proposé de substituer, dans l’usage, pensé à conçu. À une autre Assise, se présente Mlle de Gournay, demandant le rétablissement des mots : ains, pieça et jaçoit. À une autre Assise, se présentent les nourrices de Paris, se plaignant que la première chose qu’on leur demande, à présent, ce n’est plus si elles ont du bon lait à fournir, mais si elles savent correctement parler françois12 : scène comique dont celle de Martine, dans les Femmes savantes, reproduit quelques traits.

Ces petits pamphlets pleuvoient sur l’Académie, sans parler de la Requête des dictionnaires, ni des Sentiments de l’Académie françoise sur le mot rabougri : plaisanterie un peu vive, à laquelle l’Académie avoit prêté le flanc, en donnant sur ce mot : rabougri, une consultation officielle, et en quelque sorte juridique, où son innocence avoit été prise au piège, par un questionneur perfide et caustique, le célèbre Naudé.

L’Académie demeura impassible, au milieu de ce feu roulant de publications joyeuses, qui sentoient les approches de la liberté de la Fronde ; et, par son attitude calme, elle racheta des ridicules quelque peu mérités. Pellisson a raconté l’effet que produisit la Comédie des académistes, et il en parle sans aigreur, comme d’une débauche d’esprit qui a des endroits forts plaisants. L’Académie en fit donc son profit, et poursuivit sa tâche, avec di-


12. Cette pièce eut plusieurs éditions. Voy. celle qu’a donnée M. Livet, à la suite de l’Hist. de l’Acad. franç. de Pellisson ; et celle de M. Éd. Fournier, avec notes, dans le 1er vol. des Variétés hist. et littér., de la collect. elzévirienne de Jannet.