Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/598

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ciétés établies, où les honnêtes gens se pussent retirer commodément, après avoir rendu au public tout le service qu’ils étoient capables de lui rendre. Quand ils y seroient entrés par le soin de leur salut, par le dégoût du monde, ou par un désir de repos, qui succéderoit aux diverses agitations de la fortune, ils pourroient goûter la joie d’une retraite pieuse, et le plaisir innocent d’une honnête et agréable conversation ; mais, dans ce lieu de repos, je ne voudrois d’autres règles que celles du christianisme, qui sont reçues généralement partout. En effet, nous avons assez de maux à souffrir, et de péchés à commettre, sans que de nouvelles constitutions fassent naître de nouveaux tourments et de nouveaux crimes. C’est une folie de chercher, loin des cours, une retraite où vous ayez plus de peine à vivre, et plus de facilité à vous damner, que dans le commerce des hommes.

Je hais l’austérité de ces gens, qui, pour donner au devoir plus d’étendue, ne laissent rien à la bonne volonté. Ils tournent tout à la nécessité d’obéir, sans autres raisons que d’exercer toujours notre obéissance, que de ce qu’ils se plaisent à jouir toujours de leur pouvoir. Or, je n’aime pas l’assujettissement à leur fantaisie ; je voudrois seulement de la docilité, pour une bonne et sage discrétion. Il n’est pas juste