cinq actes, est autre que la pièce en trois actes recueillie par Des Maizeaux, sur l’exemplaire de Mme de Mazarin. Il est facile de les comparer, dans l’édition de M. Livet. Saint-Évremont n’a presque laissé subsister du texte de 1650, que les scènes retouchées qu’on vient de lire ; les personnages y sont différents. Je crois donc que Saint-Évremond a dit le vrai, à Bayle. Cette comédie a été composée comme l’Apologie du duc de Beaufort, dont nous parlerons plus tard, en pique-nique. Saint-Évremond y a fourni et plus tard corrigé quelques pages que nous avons rapportées ; le reste n’est pas de lui. Remarquons qu’il n’avoit pas compris cette pièce dans le dossier de ses Œuvres qu’il remit à Des Maizeaux, avant de mourir. Celui-ci nous apprend que cette comédie « avoit couru longtemps manuscrite ; et, comme il arrive, dans ces occasions, dit-il, on s’étoit donné la liberté d’y ajouter ou d’en retrancher ce qu’on avoit jugé à propos ; de sorte que, quand elle fut imprimée, M. de Saint-Évremond ne s’y reconnoissoit plus. Lorsque je la lui demandai, il m’apprit qu’en 1680 Mme la duchesse de Mazarin souhaita de voir cette pièce, telle qu’il l’avoit écrite ; et que, son manuscrit s’étant perdu en France, il se trouva obligé de retoucher l’imprimé, ou plutôt de le refondre ; mais qu’il ne savoit ce que cela étoit devenu. J’eus le bonheur de déterrer cet ouvrage, chez la veuve d’un copiste de Mme Mazarin. »
C’est d’après cet exemplaire que Des Maizeaux a publié le texte qu’on lit dans toutes ses éditions.