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CHAPITRE IV.
Maladie du duc d’Enghien. — Campagne de 1646-47. — La société
parisienne en 1647.

Le duc d’Enghien avoit eu trois chevaux tués sous lui, à la bataille de Nordlingue (3 août 1645) et il y avoit été blessé. On l’avoit vu partout, au plus fort de la mêlée, entraîné par cette valeur bouillante, qui lui faisoit braver tous les périls ; et la France admiroit ce capitaine de vingt-quatre ans, qui venoit de vaincre, dans trois batailles, les généraux les plus renommés de l’Europe, lorsqu’elle apprit que, succombant aux fatigues de la guerre, il étoit attaqué d’une maladie si grave, qu’on désespéroit de le sauver. Le jeune prince remit le commandement de l’armée à M. de Turenne et se fit transporter en litière à Philipsbourg, où les funestes symptômes du mal disparurent peu à peu. On connoît les appréhensions de la population émue, à la nouvelle du danger que couroit le héros. « Tout le monde, dit Voiture1, se rappela les courtes et précipitées prospérités de Gaston de Foix ; la mort du duc de Weymar, au milieu de ses triomphes, et celle du roi de Suède, qui fut tué comme entre les bras de la fortune et de la gloire. »

Saint-Évremond, à peine remis lui-même de sa


1. Voy. les Œuvres de Voiture, édit. d’Ubicini, tom. I, pag. 25.