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César. Les sentiments du premier, touchant la République, et l’établissement de son pouvoir, au delà de la liberté. L’esprit de César allant par dégrés au dessein de la domination.



CHAPITRE XVI.
D’Auguste, de son gouvernement, et de son génie.

Je ne parlerai point des commencements de la vie d’Auguste : ils ont été trop funestes. Je prétends le considérer depuis qu’il fut parvenu à l’empire ; et, à mon avis, jamais gouvernement n’a mérité de plus particulières observations que le sien.

Après la tyrannie du triumvirat, et la désolation qu’avoit apportée la guerre civile, il voulut enfin gouverner par la raison un peuple assujetti par la force ; et, dégoûté d’une violence où l’avoit peut-être obligé la nécessité de ses affaires, il sut établir une heureuse sujétion, plus éloignée de la servitude que de l’ancienne liberté.

Auguste n’étoit pas de ceux qui trouvent la beauté du commandement dans la rigueur de l’obéissance ; qui n’ont de plaisir du service qu’on leur rend, que par la nécessité qu’ils en imposent.

Ce raffinement de domination a été à un point de délicatesse, sous quelques empereurs, qu’il n’étoit pas permis aux sujets de vouloir ce qu’on vouloit d’eux. Une disgrâce que l’on