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Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/114

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recevoit sans peine, un bannissement où l’on s’accommodoit avec facilité, une soumission aisée, en quoi que ce fût, faisoit le dégoût du prince. Pour obéir à son gré, il falloit obéir malgré soi. Mais il falloit aussi être bien juste dans la répugnance ; car celle qui osoit se produire avec éclat, excitoit le dépit et la colère : en sorte que les misérables Romains ne savoient où trouver un milieu trop délicat entre deux choses périlleuses.

Auguste a jugé tout autrement. Il a cru que pour bien disposer des hommes, il falloit gagner les esprits, avant que d’exiger les devoirs ; et il fut si heureux à les persuader de l’utilité de ses ordres, qu’ils songeoient moins à l’obligation qu’ils avoient de les suivre, qu’à l’avantage que l’on y trouvoit.

Un des plus grands soins qu’il eut toujours, fut de bien faire goûter aux Romains le bonheur du gouvernement, et de leur rendre, autant qu’il put, la domination insensible. Il rejetta jusqu’aux noms qui pouvoient déplaire, et sur toutes choses, la qualité de Dictateur, détestée dans Sylla, et odieuse en César même1. La plupart des gens qui s’élèvent, prennent de nouveaux titres, pour autoriser un


1. Non Regno tamen, neque Dictatura, sed Principis nomine constitutam Rempublicam ; mari Oceano, aut amnibus longinquis sæptum Imperium. C. Tacit., Annal., I, 9.